De l’urgence de relire Michel Foucault

Hier, en écoutant Là-bas si j’y suis consacré aux fameux « terroriste d’ultra-gauche » qui se terraient dans une épicerie au milieu d’un village creusois, ce que j’entendais résonnait terriblement avec les thèses de Foucault (en tous cas, ce que j’en ai compris, car je ne prétends pas avoir tout saisi, hein ;))

Si je me suis intéressé à Michel Foucault, c’est évidemment au départ pour son Histoire de la Folie à l’âge classique, en me documentant pour mon projet De Hysteria Chirurgica.
Mais la richesse de la réflexion que j’y ai découvert m’a incité à poursuivre, et un bon ami travaillant à l’IMEC (qui détient tout le fond Michel Foucault) m’a suggéré de commencer par Surveiller et Punir.
Riche idée. Ce livre est très lisible (beaucoup plus de celui sur la folie), et Foucault nous entraîne dans l’histoire de la punition, depuis le basculement des sévices (tortures, roue, bastonade…) à l’enfermement comme seule réponse au crime.
Mais si j’en parle aujourd’hui, c’est surtout pour un point particulier : celui de l’invention de la délinquance comme catégorie de pensée. Foucault y décrit comment le pouvoir range sous ce mot tout ce qui conteste l’ordre en place… plus de révolte sociale, de contestation, non tout cela devient délinquance.

Ca ne vous rappelle pas quelque chose ? Des émeutes en banlieue, par exemple, ou encore en Grèce ? Rappelons que dans le cas de la Grèce, 60% de la population y voit une révolte sociale, alors que les média et le gouvernement continuent d’appeler ça emballement de la jeunesse et dérapages de… délinquance.
Ou mieux encore, des histoires de terrorisme ? Parce que rappelons-le, d’après des agents de maintenance SNCF, les caténaires endommagés dernièrement ne risquaient en aucune manière de blesser ou de tuer quiconque !
Et pourtant le gouvernement et les médias qui l’ont suivi ont bien vite dégainé le mot de terrorisme…

Alors oui, je crois qu’il est urgent, en ces temps d’intoxication médiatique constante, de relire Foucault histoire de se remettre quelques neurones en marche…