Suite à l’article sur son blog, nous avons échangé quelques mails, et E. a accepté de se prêter au jeu elle aussi.
Comme la lecture de Voyages Intérieurs l’a aidé à se décomplexer face à cette pratique en découvrant le témoignage d’autres femmes, c’est à son tour d’offrir le sien…
« Je n’ai pas de premier souvenir lié à la masturbation, puisque pour moi c’est une expérience récente. Le sexe a toujours été tabou dans ma famille. Jusqu’à ce que je lise votre livre je ne pensais pas que c’était une pratique répandue, bien que mon ami me dise le contraire. Je n’ai pas le souvenir d’avoir essayé d’expérimenter mon corps, de le toucher. Je ne connaissais mon corps qu’à travers l’activité physique puisque je faisais beaucoup de danse. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’aller voir ce qui se passait entre mes jambes.
Je me masturbe depuis peu, c’est mon ami qui m’a incité à essayer. Je n’étais pas du tout partante pour moi c’était un acte honteux, je n’en ressentais ni le besoin ni l’envie. J’ai dû me masturber pour la première fois il y a un an, j’éprouvais un certain plaisir mais la culpabilité était trop grande et je ne continuais jamais. Pourtant je pouvais constater que cela me faisais du bien mais pour moi me donner du plaisir n’était pas concevable. Je le faisais de temps en temps mais le besoin de le faire n’était pas là. Et puis au retour de vacances j’ai eu un gros coup de blues. Pendant les vacances je m’étais beaucoup lâchée. Je me sentais bien dans un lieu que je ne connaissais pas et ou on n’allait pas me juger. Alors je me promenais sans sous-vêtements avec des jupes très courtes, je ne portais rien sous mon paréo, J’étais beaucoup plus câline et coquine avec mon homme. Je me sentais libérée du poids du quotidien, le regard des autres m’étaient complètement indifférent alors qu’au quotidien j’y accorde beaucoup trop d’importance.
Le retour des vacances a été très dur, un véritable coup de massue tout ce que j’avais gagné en coquinerie s’est noyé dans le train train quotidien. Je me sentais moche, grosse, sans aucun intérêt aux yeux des autres. Dès lors avec mon ami nous avons constaté que je me sentais beaucoup mieux dans mon corps et dans ma tête en étant plus coquine, alors nous somme partie en croisade contre les tabous. On a fonctionné avec des défis à réaliser, c’était une manière ludique d’aborder les choses cela me convenait bien. Et puis mon homme a aussi eu l’idée de me créer un blog ou je raconterai mon mal être, ce que je fais pour me sentir mieux. Je crois que ce blog m’a beaucoup aidé à partir du moment où je savais que j’étais lu, les défis n’en étaient que plus piquants, je me sentais écouté et comprise. J’ai trouvé des oreilles attentives à qui parler. Bref je me suis tout simplement senti exister aux yeux des autres, ce qui me manquait terriblement jusque là.
La masturbation était un de mes plus grands défis, je l’appréhendais beaucoup car je savais que c’était la clé de mon mieux être. J’ai d’abord commencé à me masturber en présence de mon ami lors de rapport. Il me montrait comment me donner du plaisir en me faisant découvrir mes points sensibles. Et puis au fur et à mesure j’ai commencé à le faire seule. D’abord avec des vibromasseurs, l’excitation venant plus vite je n’avais pas besoin de me demander si j’arriverai à m’exciter. A partir de là je trouve que les choses sont allés très vite, je suis passée de zéro masturbation à masturbation quasi quotidienne en prenant du plaisir et surtout sans culpabilité.
Avec le temps j’utilise de moins en moins d’objets. Je commence par stimuler mon clitoris de bas en haut, j appuie fortement dessus et je tourne. Une fois que je sens que mon sexe est bien mouillé, je m’y plonge avec un doigt généralement. Je fais des mouvements de bas en haut puis circulaire, j’essaie d’aller le plus profondément possible mais mes doigts ne sont pas très longs. J’aime être sur le dos avec les jambes écartées lorsque je me masturbe, je me doigte généralement avec la main droite, la gauche touche soit mon clitoris soit ma poitrine. Il m’arrive aussi de me masturber sur le canapé devant la télé mais dans ce cas ce sont plus des caresses clitoridiennes.
Je n’ai pas spécialement de fantasme, d’images particulières qui me viennent quand je me masturbe. Je pense que c’est encore trop tôt, que cette expérience est encore trop récente. Je me concentre plus sur ce que je ressens, ce qui me fait du bien, ce que j’aime. Généralement je pense à mon homme cela m’aide à m’exciter.
Mon rapport à la masturbation a changé en très peu de temps, de tabou s’est transformé en une pratique naturelle qui en devient presque un besoin. Cela me soulage m’aide à m’assumer, à avoir plus confiance en moi. Je me sens mieux avec moi-même, avec les autres, je me trouve plus coquine, plus ouverte. Pour moi c’est une nouvelle vie qui commence, j’ai l’impression de me découvrir tous les jours un peu plus. Je suis moins râleuse, moins insatisfaite.
J’aime me masturber le matin au réveil, ça me met en forme pour la journée.
Mais selon comment je travaille le moment de la journée peut changer. »
…retrouvez Emma sur son blog Confessions Intimes (que j’avais déjà présenté dans un précédent article)